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La ministre des armées françaises évoque une véritable guerre orbitale

— Actualités du 11 septembre 2018 —

Il y a quelques mois, plusieurs généraux de l’armée française avaient exprimé leur inquiétude face aux satellites inspecteurs, des engins spatiaux capables d’effectuer des manoeuvres de rendez-vous orbital pour inspecter, écouter et peut-être même perturber le fonctionnement de satellites militaires. Ces préoccupations sont à nouveau d’actualité. Le 7 septembre, la ministre des armées françaises a donné quelques précisions sur un incident de ce type qui ait eu lieu l’année dernière. Un engin spatial s’est approché tellement près d’un satellite français qu’on pourrait croire qu’il tentait de capter ses communications. Le satellite franco-italien Athena-Fidus a été approché par le satellite russe Luch-Olymp. Athena-Fidus gère les télécommunications pour les armées française et italienne. Luch-Olymp, de son côté, a été lancé en orbite géostationnaire entre deux satellites de la constellation Intelsat. Il s’est ensuite approché successivement de ces deux satellites, ce qui avait déjà à l’époque généré de vives critiques de la part d’Intelsat.

Quelques années plus tard, le même type d’incident s’est produit avec un satellite militaire européen. Ce n’est pas un incident isolé car depuis plusieurs années certains satellites russes sont régulièrement dénoncés par les autorités occidentales pour des comportements inhabituels. Parmi ceux-ci, Cosmos 2491, 2499, 2504 et 2519 sont probablement les plus inquiétants. Cosmos 2491 et 2499 ont été lancés sans être déclarés en 2013 et 2014. Officiellement, il s’agit de satellites de test pour la propulsion ionique, mais ils ont montré des capacités de manoeuvre très avancées. L’année dernière, Cosmos 2504 s’est approché à moins d’un kilomètre des restes d’un satellite chinois qui avait été détruit lors d’un test de missiles antisatellites. Cosmos 2519 est probablement le plus intrigant des quatre. Peu après son lancement, il s’est séparé en trois satellites. Les trois engins spatiaux ont alors eu des trajectoires de vol complexes, en se croisant les uns par rapport aux autres.

La Russie a lancé une flotte de satellites capable de s’approcher d’autres engins spatiaux. Les manoeuvres de rendez-vous orbital peuvent servir à réparer un satellite en panne, mais aussi à perturber un satellite fonctionnel ou le détruire. Mais il n’y a pas que la Russie qui développe ce type de satellites. Un satellite chinois lancé en 2013 a lui aussi démontré qu’il pouvait s’approcher d’un autre satellite. Les américains ont leurs propres satellites inspecteurs et certaines personnes se demandent ce que les navettes X-37B font réellement en orbite.

Pour la ministre des armées françaises, Florence Parly, la guerre orbitale a déjà commencé. La France et l’Europe doivent donc s’y préparer. La ministre a ainsi communiqué quelques pistes qui pourraient faire partie de la stratégie militaire spatiale de la France pour les prochaines années. Les futurs satellites de télécommunications Syracuse pourraient par exemple être équipés de caméras qui ne seraient pas pointées vers le sol mais vers l’espace environnant. Elles permettraient ainsi d’inspecter les satellites inspecteurs. Idéalement, la France devrait se doter de ses propres satellites inspecteurs, ce qui devrait entraîner des efforts de recherche dans la miniaturisation, la robotique ou encore les techniques de rendez-vous orbital. L’espace a été utilisé pour des applications militaires depuis les débuts de l’ère spatiale, mais ces applications militaires étaient limitées à l’observation de la Terre. L’orbite est cependant en train de devenir un champ d’opération à part entière, avec des conséquences qu’il est encore difficile de cerner.

Image by USAF (Los Angeles AFB) [Public domain], via Wikimedia Commons

Sources

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