Le programme spatial chinois, China National Space Administration (CNSA) et actualités

CNSA

La Chine et la France collaborent de plus en plus sur des projets spatiaux communs

— Actualités du 2 avril 2019 —

La Chine cherche à collaborer avec d’autres pays dans le cadre de son programme spatial, notamment la France. La visite en France de Xi Jinping, le président de la république populaire de Chine, a été l’occasion de signer un nouvel accord concernant l’exploration spatiale. Les deux pays collaborent déjà de manière assez étroite. L’année dernière, le CNES et la CNSA ont lancé conjointement un satellite d’océanographie. L’ESA met aussi à disposition son réseau d’antennes pour aider au suivi des missions lunaires chinoises Chang’e. C’est justement ce programme d’exploration lunaire qui est au centre de la nouvelle collaboration entre la France et la Chine.

La mission Chang’e 6 devrait ainsi embarquer des instruments scientifiques français. Chang’e 6 est une mission de retour d’échantillons qui devrait avoir lieu en 2023 ou en 2024. La mission reprend exactement l’architecture de mission de Chang’e 5, qui devrait être lancé dès cette année. On ne sait pas encore si cette collaboration permettra à des scientifiques français de participer à l’analyse des échantillons collectés.

L’autre partie de cet accord concerne l’observation de la Terre. La Chine participe déjà au programme Space Climate Observatory qui vise à mutualiser les données de satellites de plusieurs pays. L’objectif de cette initiative est de faciliter le travail de surveillance du changement climatique. La France et la Chine vont aussi concevoir une nouvelle mission d’observation commune. Elle sera dédiée à la salinité des océans et à l’humidité des sols. Ce sera intéressant de voir jusqu’à quel point la France et l’Europe vont soutenir les programmes lunaires américains et chinois. S’ils sont en concurrence explicite, il y aura peut-être des pressions exercées sur l’Europe pour qu’elle choisisse son camp.







La Chine pourrait devenir le leader du secteur spatial en deux ans

— Actualités du 30 octobre 2018 —

Le secteur spatial chinois est très dynamique, que ce soit le secteur public ou le secteur privé. Hier, une Longue Marche 2C a mis en orbite un satellite d’océanographie développé conjointement par le CNES et la CNSA. Ce satellite devrait permettre de mieux comprendre le fonctionnement des vagues et du vent, ce qui est important pour modéliser les interactions entre les océans et l’atmosphère. Il s’agissait du 31ème lancement orbital de l’année pour la Chine. Le record de 22 lancements de l’année 2016 est donc déjà largement battu. Mais la Chine veut aller plus loin. A la fin de l’année 2018, la Chine devrait totaliser 35 et 40 lancements, ce qui pourrait faire de la Chine la première nation spatiale en terme de lancements orbitaux.

Mais tout n’est pas parfait. Comme on l’a brièvement évoqué dimanche dernier, l’entreprise LandSpace a échoué dans sa première tentative de lancement orbital. Il semble que c’est le troisième étage du lanceur qui n’a pas fonctionné comme prévu. Ce premier lanceur appelé Zhuque-1 cible le marché des Smallsats avec une capacité vers l’orbite basse relativement modeste. Cela n’empêche pas LandSpace d’avoir en parallèle des plans beaucoup plus ambitieux. L’entreprise veut, par la suite, développer un lanceur de moyenne capacité, motorisé au méthane. Plus de 10 autres entreprises chinoises avancent plus ou moins rapidement sur des projets similaires.

L’entreprise OneSpace devrait réaliser le prochaine essai de lancement orbital avant la fin d’année. On a pu apercevoir hier un prototype de test d’un lanceur capable d’atterrir verticalement, ce qui est assez similaire au lanceur Grasshopper de SpaceX. Un lanceur chinois réutilisable pourrait donc arriver plus vite qu’on ne le croyaut. En parallèle, le gouvernement chinois continue de mener un programme extrêmement ambitieux, surtout du côté du vol habité. Ces derniers jours, on a pu apercevoir sur les réseaux sociaux quelques photos du module Tianhe qui sera le cœur de la prochaine station spatiale chinoise. Ce module a une longueur de presque 17 mètres et un diamètre maximum de plus de 4 mètres. Il devrait être lancé en 2020 à bord d’une fusée Longue Marche 5B.

La Chine veut profiter de cette nouvelle station spatiale pour dynamiser ses collaborations internationales. Un vaisseau spatial Shenzhou devrait ainsi embarquer un astronaute pakistanais dès 2022, et plus de 30 équipes internationales ont déjà posé leur candidature pour envoyer leurs charges utiles à bord de la nouvelle station spatiale chinoise. La Chine continue par ailleurs de se focaliser sur l’objectif lunaire. Dans une présentation qui a eu lieu il y a une semaine, on a pu distinguer sur une photo une station spatiale en orbite lunaire et un module de descente à l’architecture plutôt originale.

Pour l’objectif planète Mars, la Chine semble tenir les délais pour son rover martien dont le lancement est prévu en 2020. Les parachutes et le système de rétrofusées qui doivent permettent un atterrissage sur la planète rouge ont été testé avec succès. L’atterrissage sur Mars est un défi bien plus conséquent que sur la Lune, c’est pourquoi la moitié des missions martiennes ont été des échecs. Dans deux ans, nous verrons si les chinois arrivent à remplir leurs objectifs. La mission embarquera 13 instruments scientifiques répartis entre l’orbiteur et le rover de la mission.

Au cours des deux prochaines années, l’agence spatiale chinoise va donc lancer des vols habités, une nouvelle station spatiale, plusieurs missions lunaires et une mission vers la planète Mars. Si les promesses du secteur privé sont aussi tenues, la Chine peut devenir un leader du secteur spatial.

Le programme spatial chinois navigue entre dynamisme et contrariétés

— Actualités du 2 octobre 2018 —

La Chine est en train de devenir un acteur majeur du spatial. En 2018, la Chine a déjà réalisé 26 lancements orbitaux sans aucun échec. C’est deux lancements de plus que les Etats-Unis d’Amérique, malgré les fréquents lancements de fusées SpaceX. Il est interdit pour la NASA et pour tous les acteurs du secteur spatial américain de collaborer avec la Chine. Seul le congrès américain pourra lever cette interdiction. La Chine développe de nombreux programmes spatiaux aux côtés de la Longue Marche 9. On a par exemple découvert ces derniers jours le développement de la Longue Marche 6-X, un nouveau lanceur réutilisable.

Le secteur privé est également très actif. Le dernier des 26 lancements orbitaux du pays a été réalisé par l’entreprise ExPace avec sa fusée Kuaizhou 1A, un lanceur léger dédié aux Smallsats. Mais ExPace espère réaliser le premier lancement d’un lanceur plus lourd appelé Kuaizhou 11 (KZ-11) avant la fin de l’année. L’entreprise prévoit sept lancements supplémentaires d’ici la fin de l’année 2019.

De nombreuses autres start-up chinoises devraient réaliser leur premier lancement orbital dans les mois et les années à venir. Fin octobre, l’entreprise LandSpadce pourrait devenir la première entreprise chinoise à atteindre l’orbite avec des financements entièrement privés. Leur lanceur appelé Zhuque-1, également appelé LandSpace-1, mettra en orbite un petit satellite d’observation de la Terre. En 2020, LandSpace espère mettre sur le marché un lanceur plus puissant qui brûle du méthane et potentiellement réutilisable, la Zhuque-2 (ZQ-2). Jeudi dernier, ils ont effectué un test du moteur qui équipera ce nouveau lanceur.

OneSpace, une autre entreprise privée chinoise, a réalisé en septembre son deuxième lancement suborbital. OneSpace développe une série de lanceurs pour les Smallsats, dont le premier pourrait être testé au quatrième trimestre.

Si tout se déroule comme prévu, trois entreprises privées chinoises auront des capacités orbitales avant la fin de l’année. Le contraste est saisissant quand on compare avec ce qui se passe en occident où Rocket Lab a des difficultés à réaliser son deuxième lancement et où les autres acteurs privés du secteur spatial semblent être en retard. Mais tout n’est pas idéal dans le programme spatial chinois. Les lancements de la Longue Marche 5, une fusée cruciale pour le programme spatial gouvernemental, vont être repoussés en 2019. Cela signifie que la nouvelle station spatiale Tiangong 3 et la mission de retour d’échantillons lunaires Chang’e 5 vont aussi prendre du retard.

De plus, un scandale a éclaté en Chine sur les différences de salaires entre le secteur public et le secteur privé. Les nouvelles entreprises spatiales paieraient leurs chercheurs et ingénieurs presque dix fois plus que les organismes publics, ce qui pourrait entraîner une pénurie de talents chez les contractants gouvernementaux et un ralentissement général des programmes de fusées spatiales Longue Marche.

La CNSA multiplie les lancements de fusées

— Actualités du 10 juillet 2018 —

La Chine semble bien partie pour établir de nouveaux records de lancements de fusées. En janvier, la CNSA (China National Space Administration) annonçait vouloir réaliser une quarantaine de lancements de fusées en 2018. Pour le moment, la cadence est tenue. Ce rythme élevé permet à la Chine d’être présente partout : observation de la Terre, système de navigation par satellite, exploration de la Lune et de Mars, vols habités, station spatiale… De plus, les efforts de la CNSA sont soutenus par une industrie privée en plein essor : la start-up One Space a réalisé en mai dernier le premier tir suborbital d’une de ses fusées, tandis qu’une autre entreprise chinoise vient de se faire financer 90 millions de dollars pour développer son lanceur. Parmi la multitude de projets qui sont en train d’émerger en Chine, deux projets de la China National Space Administration sont stratégiques : le lanceur super lourd Longue Marche 9 (Chang Zheng-9) et la fusée réutilisable Longue Marche 8 (Chang Zheng-8).

Lors d’une conférence, un concepteur a révélé que la Longue Marche 9 aura un premier étage de 10 mètres de diamètre, ce qui est plus large que la BFR de SpaceX ou que la SLS de la NASA. Cette largeur est comparable avec la largeur de la Saturn 5. De plus, la fusée sera équipée de quatre boosters d’un diamètre de 5 mètres chacun. La Longue Marche 9 aura donc une largeur au sol de 20 mètres, pour une hauteur de 93 mètres. L’ensemble formera une masse totale de 4000 tonnes au décollage et sera propulsé par des moteurs développant 6000 tonnes de poussée. Cela permettra au lanceur de placer 140 tonnes de charge utile en orbite basse, 50 tonnes en orbite de transfert vers la Lune ou 44 tonnes en orbite de transfert vers Mars. La fusée sera utilisée pour une mission de retour d’échantillons martiens et pour des vols habités vers la Lune. La CNSA a conscience de l’ampleur du projet et se donne jusqu’à 2030 pour réaliser un premier vol.

La Longue Marche 8 devrait arriver beaucoup plus rapidement. Ce lanceur est la première tentative de la CNSA de mettre au point une fusée réutilisable comme peut le faire SpaceX. La Longue Marche 8 est un lanceur de moyenne capacité qui fera appel à deux boosters à poudre. Le premier étage et les deux boosters seront récupérés probablement en atterrissant verticalement. Les boosters pourraient ne pas se détacher du premier étage. La Longue Marche 8 pourrait être lancée dès 2021 et sera proposée sur le marché commercial international. Les prix proposés par la China National Space Administration devraient être très bas, ce qui ferait augmenter encore plus la cadence de lancement.

La Chine va lancer plus de fusées que la Russie dès 2018

– Actualités du 16 janvier 2018 –

La Chine est une puissance croissante dans tous les domaines. Cela est également vrai dans le domaine spatial. La Chine a un programme spatial ambitieux, dont la partie scientifique repose sur les stations spatiales habitées et l’exploration lunaire. En 2017, la Chine a lancé 18 fusées orbitales, la plaçant au troisième rang mondial derrière les États-Unis et la Russie. Mais en 2018, la Chine espère lancer 40 fusées, ce qui la placera devant Moscou et peut-être même devant les États-Unis si SpaceX ne respecte pas le rythme annoncé. En 2018, les Chinois devraient à nouveau utiliser le lanceur lourd Longue March 5, qui avait échoué lors de son deuxième vol l’été dernier. C’est pourtant une fusée très importante pour la Chine car c’est elle qui doit mettre en orbite les différents modules de la nouvelle station spatiale chinoise. C’est aussi elle qui doit lancer les missions d’exploration lunaire Chang’e.

Tous ces lancement ne sont pas réalisés par le gouvernement chinois. Comme le reste de la planète, la Chine laisse de plus en plus d’entreprises privées lancer leurs fusées. L’une d’entre elles, LandSpace Technology, devrait lancer sa fusée LandSpace-1 pour la première fois cette année. Le LS-1 devrait éventuellement être commercialisé dans le monde entier. Un premier contrat de lancement avec une entreprise danoise a été signé. LandSpace-1 aura une capacité d’une tonne en orbite terrestre basse. Mais LandSpace travaille déjà sur une fusée plus puissante capable de concurrencer Ariane 5 et la Falcon 9. Autre avancée importante pour les Chinois, dix satellites de la constellation Beidou devraient être lancée cette année. Beidou est l’équivalent chinois du GPS américain. A titre de comparaison, l’Europe ne lancera que quatre satellites de la constellation Galileo au cours de la même période.

Le visage de l’industrie spatiale change profondément. Pendant des décennies, les Russes et les Américains ont partagé la majorité des lancements, tandis qu’Ariane a permis à l’Europe de briller sur le front commercial. La prolifération des pays et des entreprises du secteur spatial devrait déboucher sur un marché beaucoup plus compétitif et fragmenté dans les années à venir. La concurrence génère souvent des innovations.

La Chine et la France collaborent pour la création d’un satellite

— Actualités du 7 novembre 2017 —

La Chine est en train de s’ouvrir à des collaborations internationales. Cela vient encore d’être le cas avec la présentation du satellite CFOSAT, un satellite franco-chinois issu de la collaboration entre le CNES et son équivalent chinois. C’est un satellite d’étude du climat qui va observer les interactions entre les océans et l’atmosphère terrestre. Les deux centres d’études vont chacun concevoir un des instruments qui équiperont le satellite, qui sera lancé l’année prochaine à bord d’une fusée Long March 2. Le satellite est prévu pour une mission de trois ans.

Au-delà de l’intérêt scientifique du programme, CFOSAT illustre parfaitement le rapprochement de la Chine avec des organisms internationaux, et avec la France en particulier. En effet, si le satellite n’a été présenté que le mois dernier, le projet a pourtant commencé depuis une dizaine d’années. Et ce n’est pas la seule de ce type. En avril, les agences spatiales européenne et chinoise avaient confirmé discuter la possibilité d’une base lunaire commune. L’ESA espère pouvoir réaliser des analyses sur les échantillons lunaires qui seront ramenés par la sonde Chang’e 5, qui a été repoussée en 2019. Enfin, les européens seraient favorables à l’envoi d’un ou deux astronautes dans la future station spatiale chinoise. Mais la véritable question est de savoir si une collaboration sino-américaine est possible.

Les deux puissances ont les yeux rivés sur la Lune, avec des programmes de vols habités en cours de développement. Mais il est actuellement impossible que la Chine et la NASA collaborent. En 2011, le congrès américain a voté un décret qui interdit formellement toute collaboration entre la NASA et la Chine. On peut être optimiste et se dire que rien n’empêche un décret d’être révoqué. Par exemple, les Etats-Unis d’Amérique coopèrent aujourd’hui avec la Russie dans le domaine spatial après des décennies de rivalité. Comme souvent, la solution ne pourra venir que d’une volonté politique forte. La conquête spatiale a toujours un enjeu de prestige national.

Il sera aussi intéressant de voir comment l’Europe se positionnera par rapport aux programmes ambitieux des autres agences spatiales. Peut-elle à la fois travailler sur la LOP-G avec les Etats-Unis d’Amérique et sur un projet de base lunaire avec la Chine, sans que les deux programmes ne soient liés ? Cela paraît absurde et peut-être que l’Europe devra faire un choix.

Sources

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