Report du lancement de l’observatoire spatial Spektr-RG à cause de batteries déchargées
— Actualités du 25/6/2019 —
Depuis la chute de l’U.R.S.S., les difficultés économiques de la Russie ont fait annulé la plupart des programmes scientifiques d’envergure. C’est pourquoi le lancement de l’observatoire spatial Spektr-RG par une fusée Proton qui était prévu vendredi dernier est très important. Le programme Spektr a été imaginé dans les années 1980 avec la même philosophie que les grands télescopes américains. C’est une série d’observatoires spatiaux. Chaque observatoire spatial est spécialisé dans une petite partie du spectre électromagnétique, des ondes radio aux rayons X de haute énergie.
Près de quarante ans plus tard, ce programme continue doucement à être mis en place. En 2011, l’observatoire Spektr-R et son immense antenne radio de 10 mètres ont été mises en orbite. Le premier télescope spatial de la série était spécialisé dans les ondes radio. Son orbite elliptique a permis de réaliser des observations interférométriques jusqu’à 340 000 kilomètres. Spektr-R a été particulièrement utile dans l’étude des quasars et de la formation de leurs jets. Après sept ans et demi en orbite, il a été déclaré mort il y a quelques mois.
Le télescope Spektr-RG a été pensé pour les observations en rayons X. Il a été développé en collaboration avec l’agence spatiale allemande. Il embarque deux instruments qui lui permettront de surveiller l’ensemble de la voûte céleste au cours de sa mission primaire qui doit durer quatre ans. Cela devrait permettre de recenser des centaines de milliers d’amas de galaxies et d’étudier la structure de l’univers à grande échelle.
Après des dizaines d’années de développement, les équipes russes et allemandes qui ont travaillé sur le projet ont eu très peur vendredi. On s’est rendu compte sur le pas de tir que les batteries de l’observatoire spatial étaient vides. On est donc passé à deux doigts de la catastrophe. Il ne s’agit malheureusement pas de batteries rechargeables, il va donc falloir démonter la charge utile pour les changer. Si tout se déroule comme prévu, le lancement de Spektr-RG pourra avoir lieu à partir du 12 juillet.
Un dysfonctionnement d’une telle ampleur nous rappelle les coups de perceuse dans Soyouz ou les problèmes à répétition sur certains lanceurs russes. Il y a de toute évidence un gros problème de contrôle qualité chez certains partenaires industriels de Roscosmos. Cela est probablement lié à une situation budgétaire toujours très difficile pour le programme spatial russe. Espérons que Spektr-RG décolle et atteigne son orbite sans problème. L’observatoire spatial doit aller se placer au niveau du point de Lagrange L2 du système soleil-Terre.
Roscosmos prévoit de boucler le programme Spektr avec un dernier observatoire spatial. Spektr-UV sera spécialisé dans l’ultraviolet. Encore une fois conçu en partenariat avec des pays européens, il sera équipé d’un miroir primaire de 1,7 mètre et de trois instruments scientifiques ce qui lui permettra d’étudier les populations d’étoiles de la Voie Lactée et leur éventuel disque d’accrétion. Les missions scientifiques russes aussi ambitieuses sont malheureusement rares. On espère donc que Spektr-RG va connaître un véritable succès.
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