Un drone spatial volera bientôt dans l’atmosphère de Vénus
— Actualités du 10 juillet 2018 —
Un drone hélicoptère sera envoyé par la NASA sur Mars en 2020. Au-delà de l’exploit technique, la maîtrise du vol atmosphérique sur d’autres objets du système solaire pourrait ouvrir la voie à un nouveau type d’exploration. Des drones spatiaux peuvent fournir des prises de vues très détaillées de la surface d’un corps céleste et peuvent prendre des mesures de l’atmosphère à différentes altitudes. L’atmosphère de Vénus intéresse tout particulièrement l’agence spatiale américaine. Des modèles scientifiques s’appuyant sur le réchauffement climatique de la Terre ont montré que Vénus a pu abriter de l’eau liquide dans son passé, il y a environ deux milliards d’années. Si cette hypothèse se confirme, cela veut dire que les lacs et les océans de Vénus ont disparu bien plus récemment que ceux de Mars. Cela pourrait redonner de l’intérêt à une mission d’exploration de Vénus, la plus proche voisine de la Terre. Pour en être sûr, il faut en apprendre plus sur l’atmosphère suffocante de Vénus : une mission idéale pour un drone spatial.
La NASA vient donc de signer un contrat avec l’entreprise Black Swift Technologies pour construire un prototype de drone spatial capable de survivre dans la haute atmosphère vénusienne. En effet, les conditions y sont très proches de celles de l’atmosphère terrestre. Cela pousse même certains chercheurs à penser qu’une vie microbienne a pu s’y développer. Si un drone vénusien volant à une cinquantaine de kilomètres d’altitude ne souffrira pas trop au niveau des températures et de la pression atmosphérique, il devra quand même affronter des vents violents. Le choix de la source énergétique du drone sera également primordial : impossible d’aller se poser au sol pour recharger les batteries comme le fera le drone de la mission Mars 2020. Le drone spatial devra donc assurer sa portance en dépensant aussi peu d’énergie que possible. Plusieurs solutions sont à l’étude : les vents forts de la haute atmosphère vénusienne pourraient être utilisés pour maintenir le drone en l’air, comme un oiseau qui se maintient immobile dans un courant d’air. Le drone pourrait aussi être partiellement gonflé avec un gaz léger, ce qui en ferait un hybride entre un avion et un aérostat. Des panneaux solaires apporteraient l’énergie nécessaire aux instruments scientifiques et peut-être même à un petit système de propulsion.
Black Swift Technologies doit rendre les détails du concept de drone spatial dans six mois. La NASA décidera alors de la suite qu’il faut donner au projet. Le plus difficile sera probablement dû trouver une mission car Vénus est un peu délaissé par les efforts d’exploration des agences spatiales. Quelques survols sont prévus, par Bépi Colombo et Parker Solar probe lors de leurs trajets vers Mercure et vers le soleil. Le plus grand espoir qu’un drone explore la haute atmosphère de Vénus est une mission russe qui sera lancée durant la seconde moitié de la prochaine décennie. Roscosmos a proposé à la NASA de collaborer à la mission, une collaboration qui pourrait prendre la forme d’un drone atmosphérique. La bonne nouvelle est que les russes possèdent une très grande expérience des missions vénusiennes. L’union soviétique a en effet mené bien plus de missions vers Vénus que la NASA et tous les atterrisseurs qui ont atteint le sol de Vénus sont russes.
Image by NASA
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