Tout savoir sur Moon Express et actualités

moon express

Zoom sur l’histoire et les ambitions lunaires de Moon Express

— Actualités du 4 octobre 2018 —

Moon Express veut gagner de l’argent en envoyant des charges utiles sur la Lune et en collectant des échantillons lunaires

Lorsqu’on s’intéresse au programme d’exploration lunaire de la NASA, on remarque qu’il donne une place importante aux entreprises privées du New Space. L’agence spatiale américaine déclare par exemple qu’elle souhaite acheter du cargo à destination de la Lune auprès d’entreprises privées. Parmi les nombreuses entreprises spatiales qui se sont formées au début des années 2010, Moon Express s’est donné cette mission.

SpaceX et Rocket Lab ont déjà prouvé que de petites startups privées sont capables de s’offrir un accès à l’orbite terrestre avec des fonds propres ou avec l’aide de la NASA. Mais on peut se demander si l’exploration des astéroïdes, de la Lune ou de Mars peut être rentable pour le secteur privé et si des investisseurs sont prêts à suivre sur le très long terme.

Moon Express veut s’aventurer au delà de l’orbite terrestre. Elle obtient régulièrement des dizaines de millions de dollars de financement auprès d’investisseurs privés. Son business plan semble cohérent pour des clients institutionnels et commerciaux. Pour le moment, tout semble bien se passer pour Moon Express. L’entreprise a annoncé le 1er octobre 2018 qu’elle avait obtenu un nouveau financement de 12,5 millions de dollars, ce qui porte sa capitalisation totale à 65 millions de dollars. Au milieu de l’été, Moon Express a aussi pris possession du complexe de lancement 17 à Cap Canaveral, suite en départ en retraite des fusées Delta 2.

moon express lunar approach

Née pour tenter de gagner le Google Lunar X Prize, Moon Express a rapidement dopé ses ambitions

Presque toute les agences spatiales du monde s’intéressent à la Lune. Si Moon Express est capable de mettre au point un service de cargo vers la Lune à un coût compétitif, les clients gouvernementaux pourraient donc être nombreux. Mais l’entreprise s’est pourtant constituée dans un contexte bien différent. En 2010, la Lune n’intéressait pas beaucoup de monde. Le programme Constellation de la NASA venait d’être annulé et les Etats-Unis s’intéressaient alors davantage à la planète Mars.

C’est pourtant cette année-là que Robert D. Richards, Naveen Jain et Barney Pell décident d’investir 2,5 millions de dollars pour envoyer un vaisseau spatial sur la lune. Ils rejoignent les nombreuses équipes qui vont tenter de remporter les 30 millions de dollars promis par le Google Lunar X Prize, un prix mis en place en 2007 pour récompenser la première entreprise privée qui parviendra à poser un engin spatiale sur la surface lunaire.

google lunar x prize

Les partenariats et l’évolution du cadre légal ont été cruciaux pour Moon Express

Très rapidement, les ambitions de Moon Express semblent dépasser le cadre d’une simple course pour un prix. S’il faut résoudre un problème aussi complexe qu’un voyage vers la Lune, il faut que ce soit réellement utile. Moon Express trouve ainsi sa première charge utile en 2012. Elle passe un accord avec une autre entreprise privée pour déposer un petit observatoire, de la taille d’une boîte à chaussures, près du pôle sud de la Lune.

En 2013 et en 2014, des levées de fond plus importantes permettent au projet de vraiment évoluer. L’entreprise embauche une vingtaine de salariés et achète même en 2015 des vols sur le lanceur Electron de Rocket Lab. A cette période, Rocket Lab n’est qu’une petite entreprise avec de belles promesses. Mais les dirigeants de Moon Express semblent avoir une bonne intuition puisqu’ils ont parié sur une entreprise à succès. Les deux entreprises se mettent d’accord pour faire trois vols qui doivent progressivement démontrer les capacités de Moon Express à la surface lunaire.

L’année 2015 est aussi un moment important du point de vue légal. Le gouvernement américain adopte le « Commercial Space Launch Competitiveness Act » qui autorise les citoyens et les entreprises américaines à exploiter les ressources trouvées dans l’espace. Autrement dit, si Moon Express est capable de ramener des échantillons lunaires, ils appartiennent alors à l’entreprise qui peut en faire ce qu’elle veut. Il devient donc légal pour Moon Express de vendre des morceaux de Lune, un business très lucratif.

En 2016, Moon Express devient la première entreprise privée américaine à recevoir l’autorisation d’aller au-delà de l’orbite géostationnaire. La Federal Aviation Administration (FAA) donne la licence à Moon Express après s’être concerté avec le département d’état et la NSA. Pendant les années 2016, 2017 et 2018, Monn Express obtient de nouveaux financements mais n’a toujours pas fait de lancement.

moon express mx-1

Les mauvaises nouvelles s’accumulent 2017 et 2018

La première mission était prévue pour partir durant la seconde moitié de 2017. Mais pour décoller, il faut une fusée, et la fusée de Rocket Lab ne semblait pas encore fiable. Finalement, le premier lancement commercial de la fusée Electron devrait avoir lieu au début du mois de novembre 2018. Cela pourrait rapidement déclencher la première mission de Moon Express. Mais le carnet de commandes de Rocket Lab est tellement rempli qu’il est encore difficile de savoir quel client aura la priorité sur les prochains vols.

Autre mauvaise nouvelle annoncée en 2018, le Google Lunar X Prize est terminé, sans vainqueur. Autrement dit, Moon Express ne peut plus espérer obtenir les dizaines de millions de dollars promis à la première entreprise qui arriverait jusqu’à la surface lunaire. Cela ne semble toutefois pas avoir découragé Moon Express et ses investisseurs.

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Moon Express parie sur la modularité de ses vaisseaux spatiaux pour répondre à tout type de demande

L’entreprise américaine garde le même plan de développement. Elle développe des véhicules qui feront 3 missions de démonstrations. La première mission est appelée Expedition One. Elle doit décoller sous la coiffe d’un lanceur Electron. Sa mission est de prouver que la Lune est à portée d’une entreprise privée. Expedition One emportera le petit observatoire, ainsi qu’un miroir réfléchissant qui permettra de mesurer la distance entre la Terre et la Lune. Cette mission doit être réalisée grâce au vaisseau MX-1 développé en
par l’entreprise.

MX-1 est ‘un atterrisseur de 250 kilogrammes et de la taille d’un être humain. Il peut embarquer 30 kilogrammes de charges utiles. Ses panneaux solaires peuvent fournir jusqu’à 200 watts de puissance. Il est équipé d’un unique moteur PECO développé par Moon Express. Les capacités du MX-1 sont intéressantes mais peut être trop limitées pour des clients comme la NASA. C’est pourquoi Moon Express a fait le choix d’en faire un élément de base pour la conception de vaisseaux spatiaux et d’atterrisseurs plus massifs.

Le MX-2 empilera deux de ces modules l’un au-dessus de l’autre. L’objectif n’est pas vraiment d’emporter de plus grosses chargues utiles, mais de fournir un plus grand delta V. Le module du bas agit ainsi comme un étage de fusée. Il apporte une poussée supplémentaire et permet donc au module supérieur d’avoir des trajectoires plus ambitieuses, et peut-être même d’aller jusqu’à l’orbite de Mars ou de Vénus.

Pour emmener du cargo vers la surface lunaire, Moon Express veut assembler ses modules en parallèle. Les MX-5 ou les MX-9 pourront ainsi être composés de cinq ou neuf modules, avec une capacité pouvant aller jusqu’à une demi-tonne. Cette capacité supérieure devrait permettre de tenter des retours d’échantillons. C’est ce que Moon Express veut prouver avec sa troisième mission. Mais il n’est pas sûr que cette configuration puisse tenir sous la coiffe d’une fusée Electron.

moon express mx-9

Les agences spatiales gouvernementales auront un rôle déterminant dans le développement de Moon Express

Si Moon Express parvient à ramener un petit échantillon de la Lune, l’entreprise américaine pourra obtenir de grands profits. Si le site de prélèvement est bien choisi, les laboratoires et les collectionneurs fortunés pourraient très rapidement faire grimper les enchères. Mais Moon Express a encore beaucoup de travail. L’entreprise a déclaré qu’elle avait assez de financements pour réaliser sa première mission, mais elle ne sera probablement pas rentable. Il faudra donc trouver des financements supplémentaires pour réaliser des projets aussi ambitieux qu’un retour d’échantillons. Ce sera peut-être le rôle des agences spatiales nationales.

Moon Express a ainsi annoncé à l’ISC qu’elle a signé un mémorandum d’entente avec l’agence spatiale canadienne pour encadrer de futures collaborations. La NASA est aussi liée à Moon Express dans le cadre du programme Lunar Catalyst qui permet à Moon Express et à deux autres entreprises d’avoir recours à l’expertise et aux ingénieurs de la NASA. En échange, ils doivent concevoir leurs atterrisseurs lunaire de manière à ce qu’ils soient compatibles avec les charges utiles de la NASA. C’est un programme sans financement de la part de la NASA mais qui pourrait permettre de concrétiser des projets ambitieux.

L’agence spatiale américaine est en effet très satisfaite des résultats qu’elle a obtenus avec les programmes COTS et CCDev, qui ont permis à l’industrie privée de fabriquer des vaisseaux cargos et habités pour desservir la station spatiale internationale, les vaisseaux spatiaux Cygnus, Dragon et CST-100. La NASA veut donc conclure des partenariats avec des entreprises privées pour retourner sur la Lune avec le programme Commercial Lunar Payload Service (CLPS). L’agence spatiale américaine aimerait pouvoir acheter des vaisseaux cargos lunaires sans s’occuper de leur développement.

Le 4 septembre 2018, la NASA a annoncé que 31 entreprises ont répondu à un premier appel d’offre, parmi lesquelles on retrouve évidemment Moon Express. L’agence spatiale américaine souhaite acheter plusieurs vols avec des charges utiles de plus en plus massives. Les premiers contrats pourraient être annoncés en 2019. Moon Express est très bien positionnée pour obtenir au moins l’un d’entre eux. C’est cette opportunité qui pourrait faire basculer l’entreprise vers un business model rentable à long terme. De la même manière que les financements de la NASA ont permis à SpaceX de devenir un acteur majeur de l’accès à l’orbite terrestre, ils pourraient permettre à Moon Express de faire ses premiers pas vers la Lune avant de prendre son indépendance.

Moon Express candidat au Lunar XPRIZE de Google

— Actualités du 18 juillet 2017 —

Moon Express s’intéresse à la lune. Créée en 2010, son business model est un peu particulier : l’entreprise a l’intention de ramener des roches lunaires sur Terre pour les revendre à des laboratoires ou à des collectionneurs fortunés. Les trois premières missions de Moon Express sont déjà planifiées et financées.

La première mission appelée Lunar Scout devrait devenir le premier vol privé vers la Lune. Elle emportera avec elle des instruments scientifiques et tentera de remporter le grand prix Lunar XPRIZE de Google. La seconde mission appelée Lunar Outpost installera une base lunaire robotisée pour la Recherche. Elle devra sonder son environnement à la recherche d’eau et de matériaux intéressants. Enfin, la troisième mission prévue par Moon Express s’appellera Harvest Moon. C’est elle qui réalisera le premier retour d’échantillons lunaires qui deviendra ensuite le business de Moon Express.

Moon Express planifie la réalisation de ces trois mission avant 2020. Pour y parvenir, l’entreprise privée va s’appuyer sur un contrat avec Rocket Lab pour le lancement de ces trois missions. Elle s’appuiera également sur une flotte de vaisseaux qu’elle a elle même conçue. Le premier d’entre eux sera le MX-1, qui servira à réaliser la mission Lunar Scout. Il est capable d’emmener une charge utile de 30 kilos jusqu’à la surface lunaire. Son moteur brûle du kérosène et du peroxyde d’hydrogène. Le vaisseau devrait être assemblé en septembre de cette année. Il devra ensuite partir en Nouvelle-Zélande pour un lancement avant la fin de l’année par ROcket Lab.

Il est très important pour mon express de lancer son MX-1 avant la fin de l’année : en effet, c’est la date butoir qu’a fixé Google pour emporter le Lunar XPRIZE et son prix alléchant de 30 millions de dollars. Pour remporter ce prix, le vaisseau de Moon Express devra être capable de réaliser un bond de 500 mètres sur la Lune et de retransmettre des images et vidéos en haute définition. Deux vaisseaux sont cependant prévus par la firme : le MX-5 sera capable de déposer 150 kg à la surface de la lune tandis que le MX-9 sera encore plus massif et sera utilisé pour les mission de retour d’échantillons.

Si Moon Express parvient à ramener plusieurs dizaines de kilos de roches lunaires, alors l’entreprise devrait récupérer sur une petite fortune : en effet 0,2 gramme de roches lunaires issue d’un programme de retour d’échantillons soviétique ont déjà été vendus aux enchères pour une fortune : 10 kg représenterait plus de 22 milliards de dollars.

Pictures by Moon Express / NASA

Sources

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