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Virgin Galactic et Blue Origin secouent enfin le tourisme spatial

— Actualités du 8 mars 2019 —

Selon les spécialistes, 2019 devrait être l’année où le tourisme spatial va réellement décoller. Mais cela fait des décennies qu’on entend la même phrase. 2018, 2015, 2010, 2007 ou 2001 étaient aussi des années où le tourisme spatial devait enfin décoller. Et pourtant, à de très rares exceptions, il est encore impossible de signer un chèque pour aller dans l’espace. Mais il y a pourtant de bonnes raisons de croire que cela va prochainement changer.

Ces dernières semaines, Virgin Galactic a enfin réussi à emmener des hommes dans l’espace, après des années d’essais douloureux. Blue Origin a aussi démontré les capacités de son vaisseau à atteindre la frontière de l’espace de façon contrôlée. Les deux entreprises américaines veulent démocratiser les voyages dans l’espace en le commercialisant pour quelques centaines de milliers de dollars. Cela reste une somme énorme, mais c’est un grand pas en avant compte tenu des coûts actuels de l’accès à l’espace.







Qu’est-ce que le tourisme spatial ?

L’appellation tourisme spatial décrit des activités très diverses. C’est très différent de passer quelques minutes en apesanteur dans un vol suborbital ou de rester plusieurs jours dans une station spatiale. Rester plusieurs jours dans une station spatiale est bien plus difficile et bien plus cher qu’un vol suborbital, mais c’est pourtant ce qui a été réalisé en premier.

Le tourisme spatial a déjà une longue histoire

Avant même l’apparition du tourisme spatial, la NASA a emmené des civils dans l’espace dans des navettes spatiales, avec le programme Teacher in Space Project dans les années 1980. La première participante au programme, Christa McAuliffe, est décédée dans l’accident de la navette spatiale Challenger en 1986. D’autres personnes issues de la société civile ont heureusement eu plus de chance, comme un reporter japonais qui a pu passer une semaine sur la station spatiale MIR en 1990. On ne peut cependant pas vraiment parler de tourisme spatial car les participants à ces programmes n’ont pas payé le ticket avec leur argent.

Le tourisme orbital a pourtant existé pendant une brève période. Entre 2001 et 2009, l’entreprise Space Adventures a permis à de très riches clients de s’offrir quelques jours en orbite terrestre. Le premier est Dennis Tito en 2001 qui a payé 20 millions de dollars. Les clients suivants ont payé au moins aussi cher pour s’offrir le frisson d’une aventure dans l’espace. Mais c’est impossible de démocratiser un tel modèle. Space Adventures n’a jamais développé ses propres véhicules spatiaux ou infrastructures spatiales. L’entreprise se contente d’acheter les places sur des vols de Soyouz. Or le prix de ces places a explosé après l’arrêt du programme de navettes spatiales américaines en 2011.

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En même temps que les premiers touristes étaient envoyés dans l’espace, les premières entreprises du New Space commençaient à apparaitre. Ces entreprises privées devaient trouver un intérêt économique qui justifie la création de véhicules spatiaux. Blue Origin et Virgin Galactic, fondés en 2000 et en 2004, ont immédiatement axé leur stratégie vers le tourisme spatial. Pour ces deux entreprises, l’approche est cependant très différente de celle de Space Adventures. Pour parvenir à créer un vrai marché, il fallait un tourisme spatial de masse. Les deux patrons de ces entreprises ont à peu près conclu la même chose, c’est-à-dire qu’il faut drastiquement faire baisser le prix du ticket et garantir une bien meilleure sécurité.

Les expériences de tourisme spatial peuvent être très différentes

Bien que Blue Origin et Virgin Galactic proposent un service assez similaires, leurs solutions techniques sont totalement différentes. Peut-être que les opérations commerciales commenceront en 2020 ou 2021.

Virgin Galactic

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Virgin Galactic utilise un avion-fusée, le SpaceShipTwo, qui est emmené jusqu’à 15 km d’altitude sous les ailes d’un avion. Son moteur hybride est ensuite allumé pendant un peu plus d’une minute pour grimper entre 80 et 110 km d’altitude. Après quatre à cinq minutes en apesanteur, les deux pilotes et leurs six passagers rentrent dans les couches denses de l’atmosphère et se posent en planant. L’expérience va durer deux heures et Virgin Galactic fait payer le ticket 250 000 dollars. Plusieurs centaines de clients ont déjà payé et attendent que Virgin Galactic soit prêt. Les vols habités réalisés en décembre 2018 et en février 2019 ont prouvé que ce plan de vol fonctionne.

Blue Origin

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Blue Origin utilise sa fusée, la New Shepard, et une capsule spatiale. Le booster propulse la capsule avant de revenir se poser verticalement à la manière des boosters de SpaceX. La capsule spatiale contenant les passagers passe quelques minutes en apesanteur avant de redescendre sous un parachute. Depuis 2015, Blue Origin a fait de nombreux tests de plan de vol mais avec aucun passager à bord. On ne connaît pas encore le prix de cette expérience mais il est probable que l’entreprise de Jeff Bezos pratique les mêmes tarifs que Virgin Galactic.

Les conditions de réussite du tourisme spatial

La réutilisation obligatoire

La meilleure réponse à cette problématique est le vol suborbital qui consiste à grimper à une centaine de kilomètres d’altitude, offrir quelques minutes en apesanteur puis revenir sur Terre. Comme le vol suborbital est beaucoup moins contraignant que le vol orbital, les vaisseaux spatiaux sont beaucoup moins chers à développer que ceux qui vont en orbite terrestre.

Les deux entreprises américaines souhaitent aussi que leur véhicule spatial soit entièrement réutilisable, car c’est ce qui doit permettre de proposer des tickets à un prix abordable pour un nombre suffisant de clients. Mais il est difficile de réussir un vol habité, même suborbital. Le plan de vol est aujourd’hui au point, mais cela a pris beaucoup de temps, cinq à dix ans de plus que le prévoyaient initialement Virgin Galactic et Blue Origin.

Une sécurité sans faille

Maintenant que la technologie est au point, le succès ou l’échec de ces entreprises dépendra de la sécurité qu’elles peuvent fournir à leurs clients. Personne n’est prêt à dépenser des centaines de milliers de dollars pour jouer à la roulette russe. Blue Origin et Virgin Galactic doivent prouver qu’un vol spatial n’est pas plus dangereux qu’une journée dans un parc d’attractions. Cela représente beaucoup de travail sur le plan technique et sur le plan de la communication. Rendre anodin un vol spatial ou suborbital habité est un pari énorme. Blue Origin communique déjà sur les capacités d’évasion de sa capsule spatiale au cours de n’importe quelle phase du vol. Il faudra probablement des années et même peut-être des décennies et quelques baisses de prix avant que ce type d’activité soit considérée comme banale.

Des tarifs abordables

Le tourisme spatial sera dans un premier temps réservé à une élite. Le moindre vol suborbital coûte le prix d’une maison. C’est difficile d’imaginer comment cela pourra se transformer en tourisme de masse, bien que les prix devraient baisser. Après tout, il a fallu attendre quelques décennies avant que les avions de ligne commencent à proposer des tarifs plus abordables. Mais cela ne serait peut-être pas une bonne chose car le tourisme spatial de masse aurait un coût écologique important. Virgin Galactic a annoncé avoir déjà reçu plus de 80 millions de dollars de dépôts, mais même avec six passagers, il faudra réaliser un très grand nombre de vols suborbitaux pour amortir les énormes coûts de développement.

Les effets positifs du tourisme spatial sur le monde

On peut cependant être optimiste et voir les points positifs du tourisme spatial. C’est une activité qui ne dépend pas des budgets des agences spatiales et des volontés politiques changeantes. Les entreprises du New Space peuvent donc construire des projets réellement indépendants.

Le tourisme spatial, même suborbital, pourrait aussi permettre d’intéresser de nouveau le grand public aux problématiques de l’espace, et peut-être que ces petits bonds hors de l’atmosphère feront rêver une nouvelle génération d’ingénieurs qui désireront aller encore plus loin. Enfin, c’est une activité économique qui permet d’envisager une véritable industrialisation et donc une baisse des coûts importants. Même les agences spatiales et la science en général pourraient bénéficier d’un accès à l’espace à prix réduit.

Le futur du tourisme spatial

Près de nous, en orbite terrestre

Space adventures semble très intéressé par le CST-100 Starliner de Boeing. Peut-être que cela permettra de diversifier les missions des nouveaux vaisseaux habités américains.

Le tourisme spatial en orbite de la Terre pourrait être composé de capsules spatiales et de stations spatiales privées. Certaines entreprises comme Bigelow et Orion Span ont déjà communiqué sur le développement de projets de stations spatiales. Le concept Aurora Space Station de l’entreprise Orion Span est un véritable hôtel spatial.

La Lune fait rêver

L’avenir immédiat du tourisme spatial est probablement le vol suborbital. Mais d’autres entreprises ont l’ambition d’emmener des clients beaucoup plus loin. Le Starship de SpaceX est ainsi partiellement financée par un projet du tourisme spatial. On sait qu’un milliardaire japonais a payé une énorme somme d’argent à l’entreprise d’Elon Musk pour avoir la chance de faire un tour de la Lune.

space tourism moon

Space Adventures, qui est pour le moment la seule entreprise à avoir envoyé des touristes dans l’espace, travaille sur un projet un peu similaire appelé DSE-Alpha. L’idée est d’utiliser des vaisseaux et des lanceurs russes pour emmener des touristes faire le tour de la Lune. Cela semble cependant un peu plus complexe car la date de ce voyage autour de la Lune est souvent repoussée. On sait tout de même qu’un des deux sièges disponibles sur le vol a déjà été vendu pour 150 millions de dollars en 2011.

Des touristes sur Mars ?

A suivre…

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Pictures by SpaceX, Blue Origin, Virgin Galactic, NASA

Sources

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