Le développement d’Ariane 6 se poursuit

Ariane 6 european launcher

– Actualités du 1er octobre 2019 –

Ariane 6, le nouveau lanceur d’Arianespace, enchaîne les tests en vue de son premier vol prévu pour l’année prochaine. Le moteur Vulcain 2.1 qui doit propulser le premier étage vient de finir ses essais de qualification, après deux campagnes de tir statique qui se sont étalées sur les 18 derniers mois. En juillet 2019, ces essais ont culminé avec une mise à feu de 11 minutes. Au total, la nouvelle version du moteur Vulcain a déjà cumulé quatre heures de fonctionnement.

Le moteur Vulcain 2.1 est une version améliorée du moteur Vulcain 2 qui propulse actuellement Ariane 5. Il a été développé pour simplifier la production. Afin de réduire les coûts, il fait notamment appel à la fabrication additive et à une tuyère simplifiée. Au cours d’une mission type, il doit fonctionner pendant huit minutes pour propulser le lanceur jusqu’à 200 km d’altitude.

Le moteur-fusée Vinci qui propulsera le second étage est déjà qualifié depuis un an. Il a la particularité de pouvoir être éteint et réallumé à plusieurs reprises, ce qui sera certainement un atout important à l’heure où les méga-constellations de satellites commencent à être déployées. Sur le plan technique, on peut donc dire qu’Ariane 6 réalise pour le moment un sans faute. Il reste encore quelques essais cruciaux à mener qui auront lieu en Guyane. Le moteur Vulcain 2.1 va ainsi être intégré sur un premier étage représentatif pour une dernière mise à feu. Les boosters à poudre P120C doivent eux aussi passer par une dernière mise à feu statique.

Sur le pas de tir d’Ariane 6, les travaux avancent aussi à un bon rythme. Les maquettes de deux boosters P120 ont été installées, ce qui permet d’avoir une bonne idée de la taille d’Ariane 6. En août 2019, le gigantesque pont roulant de 90 mètres de haut s’est déplacé sur quelques dizaines de mètres. Pour une structure qui pèse de 1000 tonnes de plus que la tour Eiffel, ce n’est pas anodin.

Maintenant qu’Ariane 6 est quasiment prête à entrer en piste, il reste à déterminer quelle place elle va réussir à prendre sur le marché des lancements commerciaux. Ariane 5 a bâti son succès sur le lancement de satellites de télécommunications en orbite géostationnaire, un marché actuellement en berne même si 2019 semble marquer une légère reprise. Les satellites qui visent cette orbite sont par ailleurs en train de se diversifier, allant de 300 kg à 6,5 tonnes.

Entre les méga-constellations de satellites, les smallsats, les satellites flexibles et les quelques missions institutionnelles que vont commander l’ESA et les pays européens, Ariane 6 va certainement devoir mener des missions plus diverses qu’Ariane 5. Dans ce marché en pleine évolution, Arianespace continue cependant de tirer son épingle du jeu. Depuis le 1er janvier, l’entreprise a signé deux lancements pour Ariane 5, deux lancements pour Ariane 6, deux lancements pour Soyouz et trois lancements pour Vega. Cela permettra à Arianespace de se lancer dans de bonnes conditions dans la décennie 2020.







Les Etats membres de l’ESA soutiendront Arianegroup si le carnet de commandes d’Ariane 6 n’est pas rempli

— Actualités du 23 avril 2019 —

Récemment, Arianegroup cherchait notamment des missions institutionnelles pour démarrer la production des premiers lanceurs Ariane 6. La moitié de ces fusées doivent servir à lancer des missions gouvernementales entre 2020 et 2025. Mais les états européens n’ont semble-t-il pas prévu une telle activité. Alors qu’on est à un peu plus d’un an du vol inaugural d’Ariane 6, seules trois missions institutionnelles sont prévues.

Il est important pour Ariane 6 d’avoir une visibilité à long terme sur les lancements à venir. Le procédé de fabrication d’une Ariane 6 pourrait prendre jusqu’à deux ans. Il ne s’agit pas d’une variable qu’on peut ajuster sur un coup de tête. Arianegroup avait donc retardé autant que possible le lancement de la production en attendant d’avoir plus de visibilité.

Il semble que les états membres de l’ESA sont parvenus à un accord le 17 avril. Cet accord ne garantit pas vraiment quatre nouvelles missions au lanceur européen. Il stipule par contre que si ces missions ne sont pas trouvées, Arianegroup sera indemnisé en conséquence. Ariane 6 fait un pas de plus pour respecter son calendrier, un exploit assez rare dans le secteur spatial pour être souligné.

En parallèle de l’exploitation d’Ariane 6, Arianegroup développera un lanceur réutilisable

— Actualités du 17 février 2019 —

Pour le moment, aucun composant d’Ariane 6 ne sera récupérable. La baisse des prix sera uniquement la conséquence des nouveaux procédés de fabrication. On sait pourtant que les bureaux d’études du CNES et d’Arianegroup travaillent sur deux projets qui peuvent aboutir à la création d’un lanceur réutilisable. Le premier projet est un moteur au méthane appelé Prometheus. Le second projet est Callisto, un prototype de fusée réutilisable miniature.

Callisto pourrait grimper jusqu’à 35 km et se poser verticalement. Ce qu’on apprendra de Callisto et de Prometheus servia à mettre au point un nouveau prototype, appelé Themis. Ce sera une sorte de premier étage réutilisable. A priori, les développements devraient servir à la mise au point du lanceur Ariane Next qui deviendra le successeur d’Ariane 6. Mais on n’attend pas Ariane Next avant la fin des années 2020, et peut-être même au début des années 2030. Il faudra avant que la filière européenne des lanceurs survive pendant une décennie en se reposant entièrement sur Ariane 6.

Si les lanceurs américains continuent de faire chuter les prix, on imagine qu’Ariane 6 aura de plus en plus de difficultés à convaincre des clients commerciaux. Ariane 6 deviendrait alors un lanceur réservé aux missions institutionnelles, maintenu en vie par les perfusions d’argent public. On peut aussi imaginer qu’Arianegroup accélère fortement le développement d’Ariane Next. On peut aussi penser qu’Ariane 6 évoluera au milieu des années 2020. Ariane 6 pourrait avoir un premier étage réutilisable au méthane pour se battre à armes avec les Falcon 9 de SpaceX et les New Glenn de Blue Origin. Les premiers essais de Prometheus et de Callisto doivent avoir lieu en 2020.

La Cour des Comptes française pointe les principales menaces qui pèsent sur Ariane 6

— Actualités du 10 février 2019 —

Le dernier rapport annuel de la Cour des Comptes française est assez critique sur Ariane 6 et sur la filière des lanceurs européens en général. Le New Space est en train de changer le marché. Du côté de l’offre, il y a toujours plus de lanceurs privés et les prix baissent. Du côté de la demande, les applications spatiales vont exploser au cours des prochaines années. Dans ce contexte, conserver un accès à l’espace indépendant et bon marché est primordial.

Depuis des décennies, l’Europe fabrique des lanceurs très performants mais assez chers. Ariane 6 a été créé pour réduire les coûts. Mais les choix techniques et le modèle industriel d’Arianegroup pourraient pénaliser la compétitivité d’Ariane 6. Les fusées Ariane ont été conçu avec l’idée d’un retour géographique pour les différents pays contributeurs au programme. Si cette organisation garantit un bon retour sur investissement pour chaque pays participant, ce n’est pas un modèle industriel optimal. Cela complexifie la filière.

Jusqu’il y a dix ans, cela ne posait pas de problèmes car la concurrence était très limitée. Mais Ariane 6 va devoir faire face à SpaceX et à Blue Origin qui n’ont pas ce genre de contraintes. Sur le plan technique, la Cour des Comptes française avertit Arianegroup sur les innovations apportées par SpaceX et notamment sur la réutilisation. Ariane 6 doit évoluer, et rapidement.

Ariane 6 utilisera de nouvelles technologies, comme le moteur-fusée Prometheus. Ce prototype doit ouvrir la voie à la conception d’un moteur au méthane à très bas coût, potentiellement réutilisable. Le design de Prometheus vient de passer un examen critique. Les premiers modèles pourraient ainsi être mis à feu sur un banc d’essai en 2020, la même année que les premiers vols d’Ariane 6.

Les tests des boosters d’Ariane 6 et Vega continuent avec succès

— Actualités du 3 février 2019 —

Le booster d’Ariane 6, le P120, servira aussi de premier étage sur la nouvelle version du lanceur léger Vega C. Le 25 janvier, le P120 a réussi une nouvelle mise à feu statique. Il a fonctionné de manière nominale pendant 135 secondes et a fourni une poussée maximale de 420 tonnes. Tous les indicateurs sont donc positifs.

Contrairement à SpaceX, Arianegroup n’a pas abandonné la fibre de carbone pour la conception de ses fusées. Ce matériau est très utilisé dans la conception du nouveau booster à poudre, ce qui devrait se traduire par un gain de performance par rapport à son prédécesseur, le P80. Les boosters d’Ariane 5 sont en acier et ils pèsent assez lourd. 86% de leur masse est constituée de carburant. Grâce aux fibres de carbone du P120, cela va passer à 93%. Le booster européen d’Ariane 6 sera fabriqué en Italie comme la majeure partie de Vega C. La production devrait être assez conséquente avec 30 à 40 unités par année. Le booster sera utilisé sur deux lanceurs, ce qui doit permettre des économies de production.

Le P120 est un booster à poudre à peine différent des fusées utilisées en Chine il y a 800 ans. C’est un tube rempli de poudre combustible, avec une tranchée centrale qui rempli la fonction de chambre de combustion. Le principe de fonctionnement est ancien mais avec des matériaux et des ergols modernes les performances sont époustouflantes. Sur Ariane 6, les quatre boosters P120 fourniront plus de 90% de la poussée lors des premières phases de vol, ce qui est beaucoup plus que la propulsion liquide en terme de propulsion.

Ariane 6 a besoin de missions supplémentaires

— Actualités du 22 janvier 2019 —

Ariane 6 est au coeur des préoccupations actuelles d’Arianegroup. L’entreprise européenne est à 18 mois du premier vol d’Ariane 6. Arianespace cherche toujours au moins quatre missions supplémentaires avant de lancer la production des 14 premiers lanceurs. L’entreprise a donc fait appel à ses clients institutionnels européens qui s’étaient engagés en 2014 à utiliser Ariane 6.

Pour le moment, seules trois missions ont été réservées par les agences spatiales européennes et les gouvernements européens. Deux lancements sont réservés à la constellation de navigation par satellites Galileo et un lancement est réservé pour mettre en orbite un satellite espion français.

Pour obtenir assez de commandes et lancer la production, des solutions sont étudiées. La mission JUICE pourrait par exemple basculer d’Ariane 5 vers Ariane 6. L’ESA et les gouvernements européens doivent cependant rapidement affirmer leur support au nouveau lanceur d’Arianegroup. Un retard dans la production pourrait mettre dans l’embarras les clients commerciaux qui attendent Ariane 6 pour 2020.

D’ici là, Arianespace doit aussi se concentrer sur la mise en service de Vega C dans quelques mois. Ce sera l’occasion de tester le moteur P120 qui sera un composant essentiel d’Ariane 6. En plus de ce lancement, Arianespace a 12 lancements commerciaux prévus en 2019 : 5 lancements pour Ariane 5, 4 lancements pour Vega et 3 Soyouz. Pour son client OneWeb, Arianespace devrait d’ailleurs lancer une de ses Soyouz à Baïkonour

Le développement d’Ariane 6 continue sereinement

— Actualités du 23 octobre 2018 —

Ariane 6 devrait s’envoler pour la première fois en 2020. Le développement du lanceur européen semble se dérouler conformément aux plans, sans retards ni imprévus. Le développement d’Ariane 6 est presque une exception en comparaison avec la NASA et avec l’agence spatiale chinoise. Le 18 octobre, nous avons appris que les tests sur le moteur de l’étage supérieur d’Ariane 6, appelé Vinci, sont terminés. Il a été maltraité dans tous les sens au cours de 148 mises en route statique, pour un temps total de 14 heures.

La particularité de l’étage supérieur d’Ariane 6 est d’être réallumable. Lors d’un de ces tests, il a ainsi été éteint et rallumé 20 fois d’affilée, ce qui est une capacité très utile pour mettre en orbite des constellations de satellites. Pendant un autre test, le moteur a fonctionné pendant 1569 secondes. Ces tests ont poussé Vinci largement au-delà de ses spécifications. Lors de missions opérationnelles, il ne devrait pas être rallumé plus de 4 fois et ne devrait pas dépassé 900 secondes de fonctionnement. Vinci est un moteur brûlant de l’oxygène et de l’hydrogène liquide, ce qui lui garanti une très grande impulsion spécifique, de l’ordre de 460 secondes.

Si ArianeGroup peut se féliciter d’un développement dans les temps, c’est parce que le travail sur le moteur Vinci a démarré bien avant celui sur Ariane 6. Les premières études remontent à la fin des années 90. Vinci devait à l’origine être intégré sur une version améliorée d’Ariane 5 mais, c’est finalement sur Ariane 6 qu’il fonctionnera pour la première fois. Maintenant que les tests sont terminés, la construction du premier modèle destiné à voler va démarrer début 2019. Il sera ensuite intégré sur le second étage qui fera le premier vol du nouveau lanceur européen. Partout en Europe, la filière industrielle qui va permettre à Ariane 6 de s’envoler est donc en train de monter en puissance.

Les nombreux sous-traitants de la fusée auront une reponsabilité importante pour tenter de réduire le coût d’Ariane 6 de 40% à 50 % par rapport à Ariane 5. De nouveaux procédés industriels et rationalisation de la production doivent contribuer à baisser le coût. Mais pour produire en série et faire des économies, il faut des commandes. Ariane attend toujours que l’ESA fasse une commande groupée, ce qui permettrait de lancer la fabrication d’un premier lot de 10 à 15 lanceurs.

Ariane 6 signe déjà ses premiers clients

— Actualités du 25 septembre 2018 —

Ariane 6 devrait réaliser son premier vol en 2020. On a appris le 10 septembre dernier qu’Ariane 6 a déjà ses premiers clients commerciaux. L’entreprise Eutelsat lancera ainsi cinq satellites avec Arianespace. Le CNES a par ailleurs annoncé l’achat d’un lancement d’Ariane 6 dans sa version à deux boosters. Le lanceur servira à mettre en orbite un satellite militaire français. Il s’agit d’un satellite de reconnaissance optique destiné à remplacer les systèmes actuelles.

Ariane 6 semble séduire autant de clients institutionnels que de clients commerciaux. Mais au début de la prochaine décennie, la New Glenn de Blue Origin pourrait être un concurrent redoutable. SpaceX continue par ailleurs de tirer les prix vers le bas, et le secteur spatial chinois monte rapidement en puissance. Arianespace va donc devoir se battre sur chaque contrat.

Les tests des boosters à poudre d’Ariane 6 et Vega commencent

— Actualités du 5 juin 2018 —

Le développement de la fusée Ariane 6 se poursuit dans le respect du calendrier. Ce mois-ci, ce sont les boosters à poudre P120 du futur lanceur européen qui devrait faire l’objet d’essais statiques. Ariane 6 sera un lanceur modulaire, et c’est justement du côté de ces boosters que le nouveau lanceur européen va pouvoir s’adapter à ses missions. La fusée sera disponible en deux versions : Ariane 62 avec deux boosters, et Ariane 64 avec quatre boosters. En plus de ça, le premier étage du lanceur léger Vega doit réaliser son premier vol dès l’année prochaine. Le booster P120 est donc un élément crucial pour l’avenir d’ArianeGroup et de l’Europe spatiale. Une fois en activité, ce nouveau booster à poudre deviendra le plus gros moteur à propergol solide monolithique du monde.

Les boosters à poudre sont généralement découpés en segments : trois segments pour les boosters d’Ariane 5, quatre segments pour ceux de la navette spatiale, et cinq segments pour ceux du SLS. Cela facilite la fabrication mais représente une faiblesse structurelle qui multiplie les risques d’incidents. Les ergols du P120 seront coulés en une seule fois pour éliminer cette préoccupation. Avec presque 12 mètres de haut, le booster P120 accueillera 144 tonnes d’ergols, ce qui permettra de soulever Ariane 6 et Vega durant les premières phases de leur vol. Le test qui sera mené au cours du mois devrait permettre de s’assurer du bon fonctionnement et de la performance du booster. Malgré leur aspect brut, ces propulseurs à poudre sont des machines de très grande précision. Les tests serviront donc à s’assurer que la poussée recherchée pour les différentes phases du vol est bien délivrée.

Les boosters P120 seront également testés dans des conditions extrêmes en terme de résistance thermique et mécanique pour s’assurer de la qualité de leur fabrication. Ce nouvel élément commun d’Ariane 6 et de Vega va tester les capacités industrielles de la co-entreprise européenne. La production en grande série est un des éléments qui devrait permettre de faire baisser les coûts. Pour y parvenir, ArianeGroup a mis en place des procédés de production innovants. La fabrication des tuyères par exemple a été complètement revue. Les techniques de manutention et de contrôle qualité des éléments du booster sont directement issus de l’industrie automobile.

Ariane 6 passe en production

— Actualités du 2 janvier 2018 —

L’agence spatiale européenne (ESA), le CNES, Airbus et Safran ont donné leur accord pour produire la première Ariane 6. La nouvelle version du lanceur européen doit faire ses débuts en 2020 mais les membres du groupe ont jugé que les process industriels sont maintenant assez mûrs pour passer à la production. Ariane 6 sera décliné en deux versions : Ariane 62 et Ariane 64, respectivement équipés de 2 et 4 boosters à poudre, ce qui a un impact important sur les performances de la fusée. La première version qui sera produite est Ariane 62, la version équipée de deux boosters à poudre.

Pour Ariane Group, Ariane 6 est un tournant majeur. Bien que les technologies reprennent beaucoup celles d’Ariane 5 et Vega, Ariane 6 est une révolution du modèle industriel du groupe. Ce modèle s’inspire des codes de l’aviation civile et de l’automobile, avec une intégration plus poussée des fournisseurs et une standardisation croissante des pièces, mais également des outils de production. Produite en deux versions, Ariane 6 sera un lanceur modulaire et adaptable. L’offensive tarifaire lancée par SpaceX continue donc de bouleverser le secteur des lanceurs commerciaux.

Ariane 6 sera équipé du moteur Prometheus. Ce moteur vient de bénéficier d’un important financement le mois dernier. Prometheus est un indice sur les plans de l’Europe pour la période qui suivra l’exploitation d’Ariane 6. C’est la compétition sur les prix qui influence le cahier des charges de Prometheus : le moteur doit offrir un coût dix fois inférieur au moteur Vulcain qui équipe actuellement les fusées Ariane. Chaque modèle doit aussi pouvoir être réutilisée cinq fois. Prometheus doit également faire passer les fusées européennes à un fonctionnement basé sur un couple d’ergols méthane et oxygène liquide. La BFR de SpaceX, la New Glenn de Blue Origin et la Vulcan de l’ULA brûleront tous ce couple d’ergols.

Ariane Group espère qu’une Ariane 6 sera lancée en 2020, 5 en 2021, 8 en 2022 et une douzaine en 2023. C’est un rythme de lancements plus soutenu que le rythme de lancements actuel d’Ariane 5. Cela peut s’expliquer par un recours moins fréquent au lancement double.

Le premier vol d’Ariane 6 aura lieu en 2020

— Actualités du 27 juin 2017 —

Stéphane Israël, le PDG d’Arianespace, a déclaré que le premier vol d’Ariane 6 aura lieu en juillet 2020. Ariane 6 sera un lanceur modulaire qui existera en deux versions, équipées respectivement de 2 et 4 boosters, ce qui devrait permettre des lancements en orbite géostationnaire simple ou double.

Sous la pression de ses nombreux nouveaux concurrents, Arianespace espère pouvoir réduire ses coûts de 40% à 50% avec ce nouveau lanceur. Arianespace souhaite aussi doubler la cadence pour atteindre un rythme de 12 lancements par an. Pour y arriver, c’est toute la filière industrielle des sous-traitants qu’il faut revoir. Arianespace doit adopter de nouvelles pratiques qui sont en train de bouleverser l’industrie, tels que l’impression 3D.

Ariane 6, réponse nécessaire d’Ariane Group pour faire face à la concurrence

L’Europe a pris une place importante sur le marché de l’accès à l’espace. Ariane 4 et Ariane 5 en particulier ont offert une place dominante au Vieux Continent. Mais ce même marché est en train de changer avec l’apparition de nouveaux acteurs privés. Il est devenu bien plus concurrentiel qu’il y a dix ans. Cette nouvelle compétition principalement entretenu par SpaceX promet une guerre acharnée sur les prix. Dans ce contexte, Ariane Group, une coentreprise d’Airbus et de Safran, est chargé de développer un nouveau lanceur : Ariane 6. Ce lanceur doit à terme remplacer Ariane 5, la star actuelle d’Arianespace.

Ariane 5 a pendant longtemps régné en maître sur le marché des lancements de satellites commerciaux. Sa capacité à lancer deux satellites lourds vers l’orbité géostationnaire en un seul tir a été une des clés de son succès. Déclinée en de multiples versions depuis sa mise en service en 1996, elle devrait célébrer son centième tir dès cette année. Elle n’a connu que quatre échecs, dont la plupart au début du programme. Ariane 5 fonctionne, inspire la confiance et fait la fierté des européens.

Mais Ariane 5 coûte aussi très cher car son modèle industriel est basé sur le principe du retour géographique : chaque pays qui participe au programme reçoit une charge industrielle équivalente à sa part de financement. Sur le plan politique, cela permet de mettre tout le monde d’accord. Mais sur le plan de l’efficacité économique, c’est un modèle difficile à défendre face à des entreprises qui n’ont pas ce genre de contraintes. Ainsi, le développement d’Ariane 5 aurait coûté 7 milliards d’euros. En face de ça, SpaceX déclare avoir mis au point sa Falcon 9 pour 300 millions de dollars et sa Falcon Heavy pour 500 millions de dollares.

Le lancement double vers l’orbité géostationnaire constitue le coeur de l’activité d’Ariane 5. C’est à la fois un avantage et un inconvénient : la fusée ne peut justifier son coût que si elle lance deux satellites à chaque tir. Mais les satellites de télécommunications deviennent de plus en plus lourd et il devient difficile de faire cohabiter deux d’entre eux alors que la fusée ne peut propulser que 10 tonnes vers l’orbité de transfert géostationnaire. Autre faiblesse d’Ariane 5 : son étage supérieur ne peut pas être éteint et rallumé. Une fonctionnalité qui existe pourtant sur de nombreux autres lanceurs et qui est nécessaire à certains clients. Tous cela fait que la suprématie d’Ariane 5 est menacée.

L’année dernière, avec ses 18 tirs tous réussis, SpaceX s’est imposé sur la première marche du podium après seulement quinze ans d’existence. Une pression incroyable pèse donc sur Ariane 6 : c’est ce lanceur qui va devoir permettre à l’Europe d’être performant pendant la décennie 2020, peut-être même un peu plus longtemps si on se réfère aux cycles de développement d’Ariane 4 et d’Ariane 5.

Ariane 6 doit réduire les coûts de moitié par rapport à Ariane 5

Les ingénieurs du CNES et d’Ariane Group ont imaginé une architecture pour résoudre les faiblesses du précédent lanceur. Le plus important, c’est bien sûr le coût d’Ariane 6 : l’objectif est une baisse de 40% à 50 % par rapport au coût d’Ariane 5. Pour y parvenir, Ariane Group procède autrement que son concurrent américain : pas de réutilisation, au moins dans l’immédiat. A la place, Ariane Group espère réduire ses prix en modifiant son modèle industriel. En s’inspirant des normes de l’aviation et de l’automobile, le champion européen veut redéfinir ses relations avec ses sous-traitants : plus d’intégration donc moins de doublons dans les contrôles.

Autre facteur d’économie : Ariane 6 va passer à l’intégration horizontale. Le lanceur sera assemblé allongé, ce qui permettra d’éviter de construire des bâtiments d’assemblage de très grande hauteur. C’est également la garantie d’un accès facile à toutes les parties du lanceur pour les ingénieurs : au lieu de prendre des ascenseurs, ces derniers peuvent passer de la tête au moteur en marchant simplement. Le moteur est justement l’élément le plus coûteux d’un lanceur, et de ce côté aussi Ariane Group veut réaliser des économies. L’impression 3D devrait beaucoup accélérer leur fabrication. Des parties du moteur Vulcain qui nécessitait auparavant de souder minutieusement 200 pièces différentes peuvent maintenant sortir d’une imprimante d’un simple clic de souris ou presque.

La fabrication d’Ariane 6 et donc pensé pour être plus rapide et moins chère. Mais la fusée veut aussi résoudre les autres faiblesses d’Ariane 5. Il faut par exemple pouvoir résoudre l’équation du lancement double. Pour y parvenir, Ariane Group mise sur la modularité. Ariane 6 sera décliné en deux versions, Ariane 62 et Ariane 64. Cela laisse le choix de lancer un ou deux satellites massifs vers l’orbité géostationnaire. Si deux satellites sont compatibles, alors Ariane 64 s’en occupera. Si non, il reste possible de lancer les satellites un par un avec Ariane 62. Cela rappelle l’époque d’Ariane 4.

Le lancement de grappes de satellites facilité par Ariane 6

Au niveau du design, on remarque tout de suite qu’Ariane 6 est plus grande qu’Ariane 5, avec une taille de 70 mètres au lieu de 56 mètres. Pour les propulseurs d’appoint, c’est l’inverse : leur taille est presque deux fois plus petite. Individuellement moins puissants, ils peuvent par contre être plus nombreux. La version Ariane 62 a deux boosters à poudre mais Ariane 64 en recevra quatre. En revanche, le corps central reprendra presqu’entièrement la motorisation d’Ariane 5.

Au premier étage est situé une nouvelle version du moteur Vulcain, appelé Vulcain 2.1. Il y aura quelques changements, notamment une nouvelle cuillère et un nouveau système d’allumage depuis le sol. Globalement, les performances sont les mêmes : Vulcain 2.1 a pu être testé avec succès fin 2018.

Au second étage, le moteur Vinci garde son rôle mais avec une différence importante : il peut désormais être réutilisable à de nombreuses reprises. Lors d’un test; il est parvenu à enchaîner 20 allumage consécutifs sans problème. Cette capacité pourra s’avérer particulièrement utile pour le tir de satellites en grappes, et donc la mise en orbite de constellations.

Dans un marché de l’espace en pleine mutation, Ariane Group mène d’autres projets ambitieux

Ariane 6 est donc une belle évolution pour le lanceur européen. Mais est-ce que cela sera suffisant ? Un rapport de l’Institut Montaigne publié à la fin de l’année 2017 est très prudent sur l’avenir d’Ariane 6. Le rapport montre qu’un lancement sur Ariane 6 coûterait à un opérateur de satellites plusieurs dizaines de millions d’euros supplémentaires par rapport à un lancement sur une Falcon 9, dès la mise en service du nouveau lanceur européen en 2020. Arianespace rassure : la construction du premier lanceur Ariane 6 vient de démarrer et le carnet de commandes de l’entreprise est toujours plein et les clients historiques affichent leur soutien.

La décennie 2020 s’annonce riche du côté des lancements institutionnels européens. Hier, Emmanuel Macron disait qu’il fallait harmoniser les règles de la compétition entre SpaceX et Ariane Group, autrement dit les missions institutionnelles européennes devraient être réservés à des fusées européennes de la même manière que les lancements institutionnels américains se font obligatoirement sur des lanceurs américains. Enfin, l’atout ultime d’Ariane Group est sa réputation de fiabilité que l’entreprise a mis des décennies à bâtir.

Entre les inquiétudes des uns et la confiance des autres, il est difficile de prédire ce qui attend Ariane pour les dix prochaines années. Le marché de l’accès à l’espace est en train de changer et pas seulement à cause de SpaceX. Blue Origin et les lanceurs chinois représentent eux aussi un gros point d’interrogation. Ainsi, même si Ariane 6 parvient à résister en 2020, la situation pourrait être complètement différente en 2025 ou en 2030. Ariane Group ne peut plus laisser passer 25 ans entre ses générations de lanceurs, surtout à une époque où chaque année ou presque apporte son lot d’innovations et de nouveaux acteurs. On ne sait pas non plus quelle ambition se fixent les européens : Ariane doit-elle seulement assurer un accès indépendant à l’espace, ou a-t-elle l’ambition de rester un leader mondial ?

Du côté du CNES et de l’ESA, la réflexion sur l’après Ariane 6 est déjà bien engagée. La réutilisation semble étudiée : un démonstrateur appelé Callisto réalisera lui aussi son premier vol avec une enveloppe de 100 millions d’euros. Ce démonstrateur est issu de la collaboration entre les français, les allemands et les japonais. Callisto doit permettre d’acquérir les bases de la réutilisation à la manière de SpaceX. Il devrait être capable de monter à 35 kilomètres d’altitude puis de revenir se poser près de son lieu de décollage. En parallèle, l’Europe développe aussi un moteur brûlant du méthane et de l’oxygène liquide appelé Prometheus, une technologie censée faciliter la réutilisation massive de fusées et permettre une réduction drastique des coûts. Prometheus sera lui aussi lancé pour la première fois en 2020.

A plus long terme, les leçons de Prometheus et de Callisto seront combinées pour mettre au point un nouveau démonstrateur dont le nom de code est Tennis. Tennis sera dix fois plus massif que Callisto. Il sera équipé du moteur Prometheus et devrait être lancé en 2025. A cette période, on devrait être fixé sur les avantages définitifs que procure la réutilisation et la motorisation au méthane. L’Europe devrait alors avoir la maîtrise technologique pour développer rapidement un lanceur intégrant toutes ces innovations.

Image by ESA

Sources

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